Poésie contemporaine
Troisième volume de la trilogie « Transmutations » 2004- 2020.
Livre relié, 178 pages.
Extrait :
Voir
Ton ombre est l’ombre de moi-même,
Dans l’ombre de cette ville,
Dans l’ombre de ce monde.
Voir, voir tout ce qui se passe, se transforme,
Se déforme, se distord, s’enlise, s’infiltre, s’épuise, s’éclipse, s’anéantit.
Et moi, et nous dans cette foule ?
Regardés de haut en bas, dévisagés, observés, poursuivis, percés à jour,
Réveillés sous la lumière rouge,
Qui sommes-nous ?
Qui sommes-nous,
Sur les chemins inhibés ?
Nous aurions pu être gnostiques,
Nous aurions pu être païens,
Nous aurions pu raser nos crânes et nous habiller de lin,
Mais le changement ne se fait qu’à partir du dilemme :
Dois-je d’abord laisser mourir mon corps ou mon âme ?
La fleur argentée de mercure coule,
La Seine coule et l’océan coule,
L’océan continue à chuchoter sa berceuse astrale,
Si les dialogues pouvaient avoir une fin décisive,
Si les corps des femmes pouvaient contrôler les ovules,
Si le désir de l’autre n’existait pas,
Il n’y aurait pas d’autres versants,
Le sperme serait inutile,
Les spasmes seraient obsolètes,
Tout cela serait une folie absurde.
Et pourtant, je suis prête à y croire,
Dans la femme qui est,
Et qui exige sa liberté de parole,
Sa liberté de choix et de mouvements.